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15/08/2014

15 août : la Femme et le Dragon 

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Relire l'Apocalypse, en pensant aux paroles du pape à Daejon :


 

 

Pape François, 15 août 2014 : « Qu’ils rejettent les modèles économiques inhumains qui créent de nouvelles formes de pauvreté et marginalisent les travailleurs, ainsi que la culture de la mort qui dévalue l’image de Dieu, le Dieu de la vie, et viole la dignité de chaque homme, femme et enfant ! »

Apocalypse de Jean, 12.1-3 : « Un grand signe apparut dans le ciel : une Femme, ayant le soleil pour manteau, la lune sous ses pieds, et sur la tête une couronne de douze étoiles. Elle est enceinte, elle crie, dans les douleurs et la torture d'un enfantement. Un autre signe apparut dans le ciel : un grand dragon, rouge feu, avec sept têtes et dix cornes, et, sur chacune des sept têtes, un diadème... » 13.1-18 : « Alors j'ai vu monter de la mer une Bête ayant dix cornes et sept têtes, avec un diadème sur chacune des dix cornes et, sur les têtes, des noms blasphématoires... Émerveillée, la terre entière suivit la Bête, et l'on se prosterna devant le Dragon parce qu'il avait donné le pouvoir à la Bête. Et devant elle on se prosterna aussi, en disant : 'qui est comparable à la Bête, et qui peut lui faire la guerre ?'  […] Il lui fut donné de faire la guerre aux saints, et de les vaincre. Il lui fut donné pouvoir sur toute tribu, peuple, langue et nation. » 13.15-17 : « Il lui a été donné d'animer l'image de la Bête, au point que cette image se mette à parler, et fasse tuer tous ceux qui ne se prosternent pas devant elle. À tous, petits et grands, riches et pauvres, hommes libres et esclaves, elle fait mettre une marque sur la main droite ou sur le front, afin que personne ne puisse acheter ou vendre, s'il ne porte cette marque-là : le nom de la Bête ou le chiffre de son nom. »

Le fascinant livre de l'Apocalypse (la « Révélation ») est sujet à une pluralité de lectures, sans cesse renouvelée depuis deux mille ans. Sa préface dans la Bible AELF (2013) indique : « Aucune des méthodes mises en oeuvre au cours des siècles pour le lire n'en épuise la signification. Et toutes y trouvent de quoi s'exercer... » Mieux encore : toutes se complètent (sauf les lectures réductionnistes). La lecture théologique et la lecture historique s'épaulent, et la lecture spirituelle mène à une lecture socio-économique, souligne la Bible AELF : la « critique apocalyptique du pouvoir mondial de l'argent et du commerce », présente dans le texte (Ap 13.17), met l'accent sur l'affrontement entre l'Alliance divino-humaine et la structure économique de ce que les papes nomment la « culture de mort ».

En ce 15 août, fête de la Femme au manteau de soleil, il est donc légitime de trouver aussi dans le livre de l'Apocalypse une prophétie du drame d'aujourd'hui – qui n'est qu'un acte de la Dramatique divine, comme dit Urs von Balthasar.

L'économie mondiale « inhumaine » que dénonce François ressemble à la Bête du livre. Celle-ci a sept têtes et dix cornes. Dans la Bible la tête représente l'individualité ; la « corne », grec keras, hébreu qeren, représente la force  («  J'ai dit aux méchants : n'élevez pas votre corne », Ps 75.5). Avec plus de cornes que de têtes, la Bête a plus de force que d'identité : c'est un néant agressif, une puissance de dé-création ; on pense à l'actuelle culture de mort. Or « la terre entière » se prosterne : on pense à la mondialisation... Et « l'image de la Bête » est « animée », au point que cette image animée « se mette à parler » et « fasse tuer tous ceux qui ne se prosternent pas devant elle » ! L'image qui parle (et que nous devons adorer sous peine d'être supprimés) peut être vue comme une allégorie de l'empire du virtuel... D'autant, ajoute le livre, que la Bête a pour but le commerce, qui devient réservé aux adorateurs de l'image  enregistrés comme tels : tatoués d'un chiffre (666), selon une numérologie qui fait penser au  numérique...

Protestants, orthodoxes ou catholiques, les exégètes soulignent la pluralité de significations de la Femme de l'Apocalypse : « On y a vu Israël-Sion, l'Eglise, Marie, et elle représente peut-être aussi l'humanité entière dans son rapport avec Dieu... »  « Comme le peuple d'Israël, la Femme (la communauté de la Nouvelle Alliance ?) est protégée par Dieu au désert » (Ap 12,6) : un désert où Dieu « lui avait préparé un refuge pour qu'elle y soit nourrie pendant mille deux cent soixante jours. » S'enfuir au désert pour échapper au règne du Dragon, qui « égare le monde entier » (Ap 12.9) et dont nous sentons ce qu'il peut symboliser aujourd'hui ? Celui qui a des oreilles, qu'il entende.

 

Marie, écrivait Jean-Paul II [*], est « la Mère de miséricorde, capable de découvrir, d'abord à travers les événements complexes de l'histoire d'Israël, puis à travers ceux qui concernent tout homme et toute l'humanité, cette miséricorde à laquelle tous participent 'd'âge en âge', selon le dessein éternel de la très sainte Trinité. »

 

« Puis j'entendis dans le ciel une voix puissante qui disait : 'maintenant, le temps du salut est arrivé.' »

(Apocalypse, 12.10)

 

 

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[*] encyclique Dives in misericordia, § 59.

 

La gravure en tête est de Frédéric Voisin.

  

 

Commentaires

HANS

> Juste une précision : le prénom de Balthasar est Hans-Urs. "Urs" ne fait pas partie de son nom de famille aristocratique (von Balthasar). Bonne fête de l'Assomption !

Alex


[ PP à Alex- Bien sûr. Mais depuis longtemps l'habitude (fautive) est prise de dire "Urs von Balthasar" pour aller vite ! ]

réponse au commentaire

Écrit par : Alex / | 15/08/2014

FRAPPANT

> J'ai toujours trouvé frappant qu'aucune grille de lecture ne "suffise" à expliquer le livre de l'Apocalypse. Les réductions à l'allégorie historique en particulier (Tresmontant) ne sont pas convaincantes. Mais les plus dérisoires sont les grilles psychanalytiques.
Ce texte mystérieux déborde toutes les entreprises de rationalisation ou... d'irrationalisation.
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Écrit par : Ibelin / | 15/08/2014

PAS DE LIMITES

> Dans les 7 jours, j'entends les 7 jours de la semaine et symboliquement, le pouvoir de la bête n'a pas de limite et se déploie dans tous l'espace du temps, dans tous les domaines. Pas de répit.
A voir : http://www.ktotv.com/videos-chretiennes/emissions/nouveautes/documentaire-la-tenture-de-l-apocalypse/00051601
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Écrit par : DV / | 15/08/2014

NUMÉRIQUE

> "tatoués d'un chiffre (666), selon une numérologie qui fait penser au numérique..."; c'est aller un peu vite en besogne... Le Big Data peut être redoutable et expulser les "êtres non-adéquats" (selon les profils-types auxquels nous collons) mais le numérique reste un moyen (qui participe à aussi à nous détourner du réel mais n'est pas intrinsèquement mauvais); dans ce tatouage 666 j'y vois plus le système de brevets, marques, COV, sans lesquels "le Système ne valide et ne reconnaît rien... ;-)
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Écrit par : mik / | 16/08/2014

Les commentaires sont fermés.